Internet iz for p0rn… since 1750 !
Dimanche 19 juin, 17h – par Adrienne – 45 minutes
Les discours fustigeant la faible qualité de réflexion des internautes, inversement proportionnelle à leur frénésie d’expression sur les réseaux sociaux, la condamnation du mélange des genres, le regret de la disparition des intellectuels (noyés dans les lolcats) et les railleries contre le « militantisme-clic » sont légions depuis le développement massif de la prise de parole des individus sur Internet.
Cette mise en question de la prise de parole généralisée est tout à fait légitime, mais pourrait se regarder avec en tête une autre période historique qui, elle aussi, a vu la masse anonyme prendre massivement la parole, publier et foisonner de discours de qualités variables : le XVIIIe siècle, notamment français.
Qualifiée souvent de « pornographique », la littérature populaire du XVIIIe a réellement cassé les codes de la transmission de l’information et de la capacité individuelle à prendre la parole dans l’espace public.
Aujourd’hui, les historiens estiment que ce grand déballage public d’informations et d’idées, moqué ou combattu à l’époque par les intellectuels, a été un moment fondateur dans l’individualisation de la conscience politique et citoyenne. En tant que tel, il a participé à l’émergence d’une réflexion politique des classes moyennes juste émergentes, et porte un poids important dans le développement et la circulation des idées des Lumières et de la Révolution française.
Sans faire de parallèles hasardeux, il peut être utile de regarder ce qui s’est passé au XVIIIe, et d’en tirer quelques exemples ou idées pour l’Internet d’aujourd’hui !